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La Ruche
Une femme libre
Triplement primé au prestigieux Festival mondial du cinéma indépendant de Sundance, ce film tout droit venu du Kosovo impose sa réalisatrice comme un vrai talent à suivre et conte l’histoire d’une femme conquérante dans une société encore très patriarcale.
Triplement primé au prestigieux Festival mondial du cinéma indépendant de Sundance, ce film tout droit venu du Kosovo impose sa réalisatrice comme un vrai talent à suivre et conte l’histoire d’une femme conquérante dans une société encore très patriarcale.
La Ruche - Une femme libre
Veuve de guerre du Kosovo dont le mari est porté disparu, Fahrije (Yllka Gashi) fait face avec sa famille à de graves difficultés financières. Battante dans l’âme, la jeune femme se lance alors dans une petite entreprise agricole… au grand dam du reste du village, qui voit d’un mauvais œil l’idée que des femmes puissent subvenir à leurs propres besoins. S’engage donc une guerre froide avec la communauté.
Le Kosovo deviendrait-il enfin une terre de cinéma ? Ce pays à l’histoire complexe, devenu récemment indépendant vis-à-vis de la Serbie et situé dans une Europe du Sud particulièrement éclatée, était également mis à l’honneur dans La Colline où rugissent les lionnes de Luàna Bajrami. La Ruche signe quant à lui la naissance d’une autre réalisatrice kosovare : Blerta Basholli. Pour écrire le film, elle s’est inspirée de la « vraie » Fahrije et de sa société Krusha; laquelle emploie une cinquantaine de femmes, surtout des veuves de guerre, qui fabriquent et vendent des conserves artisanales. Le film dépeint ainsi, dans la lignée d’un implacable réalisme social, les nombreuses difficultés endurées par le « sexe faible » dès lors qu’il revendique son affranchissement de l’autorité masculine.
UN DISCOURS SALVATEUR
Filmé dans des couleurs froides, faisant l’économie d’une parole anesthésiée par le deuil et la faillite, La Ruche est pourtant loin de son austérité apparente ; la grâce, il la trouve d’ailleurs dans l’empathie sans faille de la cinéaste envers son héroïne. Au-delà de son aspect cinéma-vérité, le récit est empreint d’un discours plus large sur l’émancipation féminine face au chaos ; et notamment face à la guerre, elle-même menée par des hommes. Blerta Basholli, en réalisatrice militante, valorise aussi une certaine éthique et propose un modèle alternatif – au capitalisme, au traditionalisme, au patriarcat. C’est là toute la beauté de cette Ruche qui, en à peine 1h20, parvient à brosser l’état global d’un pays et à faire le portrait d’une femme en plein devenir.
Visuel de couverture : La ruche – ASC distribution

En salles le
01 juin 2022
01 juin 2022