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Irréductible
Rencontre avec Jérôme Commandeur
Humoriste au long cours et acteur impertinent, Jérôme Commandeur signe son premier long métrage en solo après Ma famille t’adore déjà ! en 2016, une savoureuse satire de l’administration française récompensée au dernier Festival de l’Alpe d’Huez. L’occasion idéale pour en discuter avec l’acteur-réalisateur, jamais à court de gags.
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Humoriste au long cours et acteur impertinent, Jérôme Commandeur signe son premier long métrage en solo après Ma famille t’adore déjà ! en 2016, une savoureuse satire de l’administration française récompensée au dernier Festival de l’Alpe d’Huez. L’occasion idéale pour en discuter avec l’acteur-réalisateur, jamais à court de gags.
Irréductible - Rencontre avec Jérôme Commandeur
Vincent Peltier (Jérôme Commandeur), fonctionnaire confortable à Limoges, est incité à démissionner à cause d’une révision des effectifs. Hors de question pour ce dernier, lequel engage un bras de fer avec une inspectrice zélée (Pascale Arbillot) et bien décidée à le muter dans les pires endroits au monde jusqu’à ce qu’il renonce. Il est alors envoyé au Groenland pour protéger les chercheurs d’une base scientifique, et ce n’est que le début de ses surprises…
VOUS REVENEZ AU LONG MÉTRAGE APRÈS LE ONE-MAN-SHOW. QU’EST-CE QUI VOUS A DONNÉ ENVIE DE REPRENDRE LE CHEMIN DE LA RÉALISATION ?
La société SND m’a envoyé un lien du film originel, Quo Vado ? de Gennaro Nunziante, et j’ai adoré cette histoire. C’est sans doute le comédien en moi qui l’a attrapée en premier, pour ce premier rôle incroyable d’un type qui fait le tour du monde parce qu’il refuse de quitter son bureau. Assez vite, j’ai eu envie que le film m’appartienne à un autre degré ; j’étais comme un enfant dans un magasin de bonbons ! Même si la structure du film était existante, j’ai beaucoup « francisé » le récit. On ne se rend pas compte d’à quel point nous sommes ancrés culturellement : toutes les minutes, on se retrouve face à quelque chose de typique ; qu’il s’agisse d’une expression, d’une tournure d’esprit, d’un souvenir, d’un fait politique… Sans compter que le film d’origine a été écrit en 2012. Or je voulais en faire un film français de 2022, et donc j’ai distillé de nombreuses références à notre modernité. On le voit à travers la thématique migratoire, la figure multiculturelle d’Eva ou encore un Groenland aux prises avec le réchauffement climatique.
LE STATUT DE FONCTIONNAIRE EN FRANCE ET L’AURA QUI VA AVEC SONT-ILS SPÉCIFIQUES À L’HEXAGONE ?
Non, en Italie aussi ! Moi, je considère avoir fait un film potache. En France, on est le pays de Molière, d’Alphonse Allais, de Pierre Dac, de Desproges, de Bedos… Ce sont des génies du verbe qui ont asticoté leurs contemporains, Molière le premier. Il faut continuer de se charrier, mais il faut aussi savoir tirer son coup de chapeau ; c’est-à-dire marcher sur deux jambes. C’est ce que je fais dans Irréductible, où je profite des micros qu’on me tend pour faire un clin d’œil au précieux travail des fonctionnaires.
SELON VOUS, VINCENT EST-IL UN ANTI-HÉROS OU UN SUPER-HÉROS ?
C’est un héros à son insu ! Je ne savais pas que je citerais Céline Dion un jour, mais c’est l’occasion. Elle a dit : « Nous sommes tous des êtres ordinaires amenés à vivre des choses extraordinaires. » Cela définit très bien Vincent. Dans la même veine, un ami me dit toujours : « Chaque matin, on peut être sûr d’aller faire pipi ; le reste est une aventure. » J’ai envie de filmer ces monsieur-tout-le-monde qui vivent pourtant l’improbable. J’y retrouve peut-être une part de mon enfance, somme toute très banale… Je ne l’ai jamais dit au chef décorateur, mais il a involontairement reproduit la maison de mes parents en pensant à ceux de Vincent ! Lorsque je suis arrivé sur le plateau, j’y ai retrouvé la même nappe, le même fauteuil, les mêmes chaises, la même horloge… C’était presque surnaturel.
VOTRE FILM A-T-IL UN PROPOS MILITANT ? VOUS OSEZ UN HUMOUR CAUSTIQUE SUR DES SUJETS TRÈS POLITIQUES…
Je n’aime pas tellement les leçons de morale, donc j’aime à dire qu’on peut tout y voir : autant une comédie légère que des éléments plus profonds. Pour la causticité, il y a quelque chose d’Astérix et Obélix ; c’est pour cela que le film s’appelle Irréductible. Comme dans les bandes dessinées, tout le monde se tape dessus et on termine par un banquet !
COMMENT GÈRE-T-ON LA RÉALISATION D’UN FILM EN PLUS DE SON RÔLE PRINCIPAL ?
On cloisonne et on fait confiance. Je veux dire qu’il ne faut pas craindre d’être le plus mauvais de son équipe ; ne pas craindre de choisir d’excellents comédiens et techniciens. Ils sont au service du projet et non pas de leur ego. En termes d’image, on a accentué sur l’aspect grand spectacle. C’est un leitmotiv chez les producteurs et distributeurs, qui chantent en chœur : « Il faut faire des films événement. » J’ai tenté à ma manière. Par « film événement », personnellement j’entends un film qui dans 5 ou 6 ans passera à Noël à la télévision. En l’occurrence j’aimerais vraiment que ce soit le cas !

QUEL EST LE PLUS GRAND CHALLENGE LORSQU’ON RÉALISE UNE COMÉDIE POUR LE CINÉMA, À LA DIFFÉRENCE DE LA SCÈNE OU DE LA RADIO ?
La structure. Les dialogues, on les écrit généralement après et ils sortent parfois en un jet. Or la structure ne s’écrit pas d’un coup, elle prend chez moi la forme d’un mur de post-it. Je dis souvent que l’écriture d’un one-man-show est plus organique, tandis que faire un film revient à lancer une bouteille à la mer afin qu’elle soit récupérée par le public quelques années après. Ou pas.
COMMENT S’EST PRÉPARÉ LE TOURNAGE, QU’ON IMAGINE ÉCLATÉ ?
Le film se déroule effectivement sur 5 lieux différents : en Équateur, au Groenland, en Suède, à Paris et à Limoges. Pour les trois derniers lieux, le tournage s’est effectué sur place. C’est forcément pour les deux premiers que les choses se sont compliquées, et j’espère qu’on y croit vraiment ! Mais nous sommes tout de même partis à environ 10 000 km de Paris à chaque fois. Il n’y a aucun fond vert ; tout est bio (rires).
POURQUOI AVOIR CHOISI LAETITIA DOSCH POUR CAMPER EVA ?
J’aime les contrepieds, et c’est vrai que Laetitia et Estéban viennent d’un cinéma plus pointu. Je n’avais pas envie de caster uniquement des comédiens populaires. Laetitia amène une force, un naturel, une fraîcheur que j’ai rarement trouvés chez d’autres comédiennes.

Visuels de couverture & illustration : Jérôme Commandeur, Laetitia Dosch, Tiago Simonnet – Irréductible | Copyright SND

En salles le
29 juin 2022
29 juin 2022